La peau ne “voit” pas la lumière comme nos yeux : elle la absorbe, diffuse, convertit et transforme en signaux biologiques. Les lampes de luminothérapie et de photothérapie, lorsqu’elles excluent les UV, s’appuient sur des longueurs d’onde visibles et proche-infrarouges pour déclencher des réponses cutanées utiles : modulation de l’inflammation, stimulation du métabolisme mitochondrial, action antibactérienne, soutien de la cicatrisation, atténuation des rougeurs et amélioration de l’éclat. Dans cet article, nous passons en revue, couleur par couleur, ce que la science connaît des interactions entre lumière artificielle sans UV et peau — et comment en tirer parti de façon sûre, dosée et réaliste.
Rappels express : lumière, peau et “chromophores”
La peau est un organe photo-réactif. Ses composants absorbent différemment la lumière :
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La mélanine (épidermique) capte surtout le bleu-vert et, classiquement, les UV (ici exclus).
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L’hémoglobine (derme superficiel) absorbe bleu-vert et jaune, avec des pics qui expliquent la sensibilité vasculaire (rougeurs).
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L’eau (abondante dans le derme) absorbe davantage en infrarouge.
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Les flavines, porphyrines et caroténoïdes (molécules “photosensibles”) réagissent à diverses longueurs d’onde du visible.
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La cytochrome c oxydase (complexe mitochondrial) est une cible clé du rouge et du proche-infrarouge, impliquée dans la photobiomodulation (PBM) : modulation de la production d’ATP, signalisation NO/ROS* contrôlée, expression de gènes liés à la réparationROS : espèces réactives de l’oxygène — utiles à faible dose comme signal, délétères si excessives.
Sans UV : ce que cela change (et rassure)
Les UV (UVA/UVB) sont exclus des appareils décrits ici. Résultat :
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Pas de coup de soleil, pas d’atteinte directe de l’ADN liée aux UVB, pas des mêmes risques pigmentaires induits par les UVA.
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Les effets biologiques recherchés reposent sur le visible (bleu→rouge) et le proche-infrarouge, zones spectrales bien tolérées aux bonnes doses.
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Le cadre “sans UV” n’est pas un blanc-seing : les doses, distances, durées et fréquences restent déterminants.
Les longueurs d’onde, une par une:
Bleu (≈ 415–470 nm) — antibactérien, sébo-régulateur, à manier avec mesure
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Cible principale : les porphyrines produites par Cutibacterium acnes. Excitées par le bleu, elles génèrent des ROS qui endommagent les bactéries impliquées dans l’acné.
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Effets utiles : réduction des lésions inflammatoires légères à modérées, assainissement de la flore cutanée, intérêt sur zones séborrhéiques.
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Points d’attention :
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Le bleu peut stresser les cellules si la dose est trop élevée (oxydation).
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Chez certains profils sujets à hyperpigmentation (mélasma), l’excès de bleu peut entretenir des irrégularités pigmentaires ; privilégier des protocoles courts, associés à du rouge, et une photoprotection diurne standard.
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Ne pas éclairer directement les yeux : porter des lunettes opaques avec les masques/ panneaux puissants.
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Pour qui ? Acné légère à modérée, peaux mixtes à grasses, zones localisées.
Souvent en duo : bleu + rouge (le rouge limite l’inflammation, favorise la réparation).
Vert (≈ 520–550 nm) — uniformité du teint, signal “vasculaire”
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Interaction : l’hémoglobine absorbe fortement en vert, ce qui peut aider à atténuer visuellement certaines rougeurs légères et contribuer à une uniformisation du teint.
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Hypothèses/observations cliniques : effets sur dyschromies (taches diffuses) et dullness (teint terne). Le niveau de preuve reste modéré comparé au rouge/NIR.
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Pratique : souvent utilisé en complément pour améliorer l’aspect global de la peau plutôt que comme traitement principal.
Pour qui ? Teint irrégulier, rougeurs légères, “bonne mine”.
Ambre / Jaune (≈ 570–590 nm) — confort, éclat, rougeurs diffuses
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Interaction : proche des sensibilités vasculaires, l’ambre est souvent perçu comme apaisant et adouci visuellement les rougeurs.
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Usages : “post-acte” (après micro-agressions cosmétiques légères), peaux réactives, éclat.
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Preuves : bonnes tendances cliniques (tolérance, confort), littérature moins fournie que pour le rouge/NIR — mais retour utilisateur souvent positif.
Pour qui ? Peaux sensibles, rougeurs diffuses, besoin de confort.
Rouge (≈ 620–660 nm) — photobiomodulation “star” : collagène, réparation, anti-inflammatoire
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Cible centrale : la cytochrome c oxydase des mitochondries. Résultat : hausse transitoire d’ATP, recalibrage redox (ROS contrôlés), modulation de facteurs de transcription (Nrf2, NF-κB, AP-1), diminution des MMP (enzymes qui dégradent le collagène) et stimulation des fibroblastes.
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Effets observés :
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Amélioration des ridules et de la texture (soutien collagénique).
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Cicatrisation plus efficace (post-acte, petites plaies superficielles, vergetures récentes).
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Baisse de certains marqueurs d’inflammation cutanée, meilleur confort.
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Tolérance : excellente aux doses recommandées.
Pour qui ? Anti-âge global, réparation tissulaire douce, entretien du capital cutané.
Proche infrarouge, NIR (≈ 780–900 nm) — profondeur, microcirculation, récupération
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Profondeur de pénétration supérieure (au-delà du derme superficiel) selon la dose et les tissus.
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Effets : soutien de la microcirculation, drainage, anti-inflammation en profondeur, récupération tissulaire.
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Complémentarité avec le rouge : duo rouge + NIR = couverture des couches superficielles et plus profondes.
Pour qui ? Inconforts cutanés récurrents, récupération post-agressions légères, entretien anti-âge complet.
Profondeur de pénétration : qui va où ?
De façon schématique (variables selon type de peau, hydratation, mélanine, puissance et dose) :
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Bleu : épidermique + tout début de derme papillaire.
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Vert/Ambre : derme superficiel (interaction vasculaire notable).
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Rouge : derme moyen (zone collagénique), très utile aux fibroblastes.
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NIR : plus profond, au-delà du derme réticulaire selon l’irradiance et la durée.
Dose, puissance et “bonne fenêtre” d’efficacité
Trois notions simples :
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Irradiance : puissance instantanée reçue par la peau (mW/cm²).
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Fluence (énergie) : dose cumulée (J/cm²) = irradiance × temps (en secondes) ÷ 1000.
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Distance : la puissance chute avec la loi de l’inverse du carré ; 2× plus loin ≈ puissance divisée par 4 (ordre d’idée).
La fenêtre biphasique : en photobiomodulation, trop peu = pas d’effet ; trop = saturation ou effet inverse (stress). On vise des doses modérées et répétées.
Repères pratiques (grand public, appareils domestiques sérieux)
(Toujours suivre le mode d’emploi de l’appareil utilisé.)
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Rouge / NIR : 3–10 J/cm² par zone, 3 à 5 fois/semaine, 6–10 semaines, puis entretien 1–2 fois/semaine.
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Bleu (acné) : séances courtes (ex. 2–10 min selon irradiance) 3–5 fois/semaine, en association avec le rouge; surveiller la tolérance pigmentaire.
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Ambre/Vert : 5–15 min, 2–4 fois/semaine, en complément des protocoles ci-dessus.
Effets attendus selon les objectifs
Anti-âge (texture, ridules, fermeté)
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Priorité : Rouge + NIR (fibroblastes, collagène, microcirculation).
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Attendus : amélioration progressive de la texture, du rebondi et de l’éclat.
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Rythme : 8–10 semaines pour un effet notable, entretien hebdo.
Acné légère à modérée
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Combo : Bleu (action antibactérienne) + Rouge (anti-inflammatoire, réparation).
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Bonnes pratiques : séances courtes, constance, soins topiques non irritants, photoprotection le matin.
Rougeurs diffuses / confort
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Ambre/Jaune en soutien, parfois Vert pour l’uniformité visuelle, Rouge pour apaiser l’inflammation de fond.
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Astuce : travailler sur la barrière cutanée (nettoyants doux, céramides).
Hyperpigmentations et teint irrégulier
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Prudence avec le Bleu si tendance au mélasma.
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Rouge : indirectement utile (inflammation, réparation).
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Vert/Ambre : amélioration cosmétique de l’uniformité; protéger du soleil en journée.
Cicatrisation superficielle / post-acte doux
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Rouge + NIR : soutien de la régénération, confort et drainage.
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Éviter le bleu sur plaie ouverte.
Sécurité et précautions d’usage
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Sans UV : pas de bronzage ni de coup de soleil induit par l’appareil.
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Yeux : protéger systématiquement (lunettes opaques) lors d’expositions proches/intenses.
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Photosensibilisants : prudence avec certains médicaments/soins (rétinoïdes, AHA forts, huiles essentielles irritantes, antibiotiques photosensibilisants, etc.) — demander conseil à un pro de santé.
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Grossesse / allaitement : la lumière sans UV est généralement bien tolérée sur le visage; en cas de doute, demander l’avis du praticien.
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Affections dermatologiques actives (lupus cutané, cancers cutanés, lésions suspectes) : avis médical impératif avant usage.
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Épilepsie photosensible : vérifier l’absence de flicker perçu, éviter les sources pulsées non adaptées.
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Thermique : les LED chauffent peu, mais éviter un contact prolongé si l’appareil chauffe localement.
Cet article informe, il ne remplace pas un diagnostic ou un suivi médical.
Luminothérapie “blanche” vs photothérapie LED visage
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Luminothérapie blanche (bien-être / rythme circadien) : on parle en lux (signal pour les yeux). Les lampes sérieuses filtrent les UV. L’impact cutané est indirect et faible (l’appareil est placé à distance, orienté vers les yeux).
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Photothérapie LED (visage/peau) : on parle en mW/cm² et J/cm² (signal pour la peau). L’appareil est proche de la zone à traiter, avec longueurs d’onde ciblées (bleu, ambre, rouge, NIR).
Conclusion : ce sont deux usages complémentaires, mais différents.
Comment choisir un appareil crédible
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Spectre sans UV clairement spécifié.
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Puissance mesurée (irradiance) et distance de mesure transparentes (ex. mW/cm² à 10 cm).
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Uniformité d’éclairement (pas de “points chauds”).
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Surface utile adaptée : visage entier > local.
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Sécurité oculaire : filtres, lunettes fournies.
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Timers et modes simples (protocoles guidés).
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SAV en France et garantie claire.
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Conformité (CE, rapport d’essais, filtre UV documenté).
Voir toutes nos lampes de photothérapie
Conseils d’utilisation (protocoles types):
Routine anti-âge (rouge + NIR)
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Fréquence : 4×/semaine pendant 8 semaines, puis 1–2×/semaine.
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Durée : 8–12 min par séance (selon appareil).
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Distance : 10–20 cm (panneau) ou port ajusté (masque).
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Avant : peau propre, sèche.
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Après : soin hydratant léger; protection solaire le matin.
Routine acné (bleu + rouge)
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Fréquence : 4–5×/semaine, séances courtes pour le bleu (2–6 min) + rouge (5–10 min).
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Durée totale : 7–15 min.
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Conseils : éviter les cosmétiques irritants simultanés, protéger du soleil en journée.
Routine rougeurs / peau sensible (ambre/vert + rouge)
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Fréquence : 3×/semaine.
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Durée : 8–12 min.
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Conseils : privilégier nettoyants doux, céramides, eau tiède.
Mythes & réalités
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“Sans UV = sans risque” : non. C’est très sûr si l’on respecte doses, distances et protection oculaire.
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“Plus c’est long, mieux c’est” : faux. Fenêtre biphasique : trop = contre-productif.
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“Toutes les LED se valent” : non. La puissance, la qualité optique et la sécurité changent tout.
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“On voit tout en 3 jours” : la peau répond progressivement (semaines), puis entretien.
Conclusion & repères rapides
Les lampes sans UV — en visible et proche-infrarouge — interagissent avec la peau par l’absorption de leurs photons par des chromophores spécifiques. Bleu pour l’acné (avec mesure), ambre/vert pour l’uniformité et le confort, rouge + NIR pour la photobiomodulation anti-âge et la réparation tissulaire. Le succès tient moins au gadget qu’au respect des paramètres (dose, distance, régularité) et au choix d’un appareil transparent et bien conçu.

