Luminothérapie : Intérêts, bienfaits et efficacité pour le travail de nuit

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Vidéo du Dr Marc Dujardin – Temps : 8.03 minutes

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Résumé de la vidéo

Le travail de nuit occasionne des effets néfastes sur la santé des travailleurs. Dans cette vidéo, le Dr Marc Dujardin recommande la luminothérapie pour s’adapter au travail de nuit. Le travail de nuit engendre entre autres une perturbation du sommeil et un manque de vigilance. Pour bien vivre le travail de nuit et réguler son cycle veille/sommeil, voici les conseils du Dr Dujardin : dormir dans le noir total et utiliser la luminothérapie au travail pour être plus vigilant et travailler avec un éclairage semblable à la lumière du jour.

Transcription de la vidéo

Interview du Docteur Marc Dujardin :

Je m’appelle Marc Dujardin, je suis médecin du travail et j’ai eu principalement dans les entreprises dont je m’occupais des entreprises impliquées dans le travail de nuit, en continu dans la logistique ou intermittent dans la sidérurgie.

Comment avez-vous découvert la luminothérapie ?

J’ai découvert la luminothérapie en recherchant des réponses à des problèmes tout à fait concrets que posaient les travailleurs. Et tout à fait honnêtement, ce sont des consultations sur Internet qui m’ont permis de me rendre compte qu’on avait développé, dans l’université où je travaille par ailleurs comme chercheur, des techniques qui me semblaient utiles dans le type de travail que nous avions à faire.

Nous avons aussi les demandes des travailleurs. En fait ce sont donc des travailleurs qui travaillent part-time et qui ont souvent plusieurs travails. Un certain nombre de ces travailleurs avaient vraiment des difficultés à parvenir à réguler leur existence. A partir du moment où ce n’était plus le soleil qui dictait la journée et la nuit, ces personnes se trouvaient avec des difficultés, par exemple pour aller dormir. On rentrait chez soi, on allumait la télévision et ils étaient toujours en train de regarder la télévision à 9 h du matin, ce qui posait un certain type de problème. Et puis il y avait aussi d’autres travailleurs qui en fait avaient vraiment des problèmes d’endormissement, des problèmes de régulation de leur cycle sommeil/veille.

Médecine du travail et travail de nuit ?

Mon domaine principal est le suivant : Comment peut-on faire pour tester la vigilance des travailleurs qui sont occupés à un poste de sécurité ? Comment déterminer, pour certaines personnes qui sont trop dans un état de sommeil ou pour d’autres raisons, si leur vigilance est insuffisante ? Et pouvoir tester les sujets objectivement et pas simplement par un questionnaire ou en leur demandant leur avis.

Quels sont les risques pour le travailleur ?

Pour ce qui est de l’utilisation de la luminothérapie, cela va peut-être vous surprendre, mais nous l’avons utilisée de deux manières. Nous l’avons utilisée, d’une première manière, en imposant le noir absolu pour parvenir à restaurer des cycles sommeil/veille qui sont perturbés et cela se voit chez ces travailleurs. Le premier mois, une partie des employés vont abandonner le travail de nuit et s’en aller. En fait, ils ne restent pas parce qu’ils ne savent vraiment pas comment faire pour réguler leur rythme veille/sommeil. Et puis il y a ceux qui vont présenter des problèmes au bout d’un an, un an et demi, deux ans. Et pour ces personnes-là, il y a vraiment des choses importantes à faire. Pour réguler leur cycle veille/sommeil, la première manière était de supprimer la lumière pendant qu’ils dorment de telle manière à ce que leur corps puisse vivre cette alternance de nuit noire et silencieuse, et de travail. La deuxième manière était, avec la luminothérapie, de parvenir à donner des éclairements suffisants pendant le travail pour que ce temps de travail soit bien identifié comme étant une sorte de journée artificielle, malgré que cela se passe la nuit.

L’utilisation de la luminothérapie chez le travailleur de nuit et les résultats observés ?

On a beaucoup travaillé sur l’ambiance générale. On a donc absolument demandé à avoir un éclairage qui soit en qualité et en quantité suffisantes. Alors toutes sortes d’analyses doivent être faites, qui dépassent peut-être le cadre de notre entretien, pour que cette quantité de lumière et sa qualité soient suffisantes. Et cela pour aussi répondre à un simple problème de sécurité : par exemple un escalier éclairé est bien moins dangereux à descendre qu’un escalier mal éclairé. Deuxième chose, il fallait aussi identifier les personnes ou les postes pour lesquels il y avait, à cause du travail ou à cause d’une plus grande sensibilité de la personne, des problèmes du cycle éveil/lumière et sommeil/nuit restauré. Quand vous voyez la solution à un problème, vous commencez par dire « j’y vois clair », donc déjà la lumière, c’est probablement quelque chose qui vous aidera dans les problèmes de sécurité.

Mais il est bien clair aussi, qu’une perturbation du sommeil va se rajouter aux autres perturbations du cycle sommeil/veille et empêcher ces travailleurs de récupérer. C’est ce que démontrent les études qu’on a menées par ailleurs pour l’étude de la vigilance. Les travailleurs de nuit sont des travailleurs qui au cours de leur semaine de nuit, voient leurs performances diminuer. Cela se mesure et les résultats sont significatifs quand on les compare à ceux des travailleurs de jour. Les travailleurs de jour, c’est une autre histoire. Ils refont le même test cinq fois de suite et ils sont donc de plus en plus habiles. Les travailleurs de nuit aussi sont de plus en plus habiles, mais comme ils sont beaucoup plus fatigués et qu’ils ont moins récupérés, leur performance se dégrade au cours de la semaine.

Donc, un bon cycle sommeil/veille est indispensable à la récupération. Et s’ils ne récupèrent pas, ils ne peuvent pas être vigilants. Et s’ils ne sont pas vigilants, cela engendre des accidents de travail et tout autre phénomène. C’est aussi vrai pour ce qui est de la qualité de leur travail. La quantité d’erreurs qu’ils peuvent faire dans leur type de travail augmente avec les diminutions de vigilance.

Conséquence du manque de lumière sur la santé chez le travailleur de nuit ?

Le manque de lumière sur la santé des travailleurs n’est pas différent de ce qu’il est sur la santé des autres personnes. La deuxième chose qui est extrêmement curieuse à observer, c’est que dans le milieu du travail, si on a observé parfois 20 ou 30 000 travailleurs pendant vingt ou trente ans pour savoir si tel ou tel produit était toxique, on n’a pas du tout observé les centaines de milliers de travailleurs qui ont des cycles irréguliers et leurs effets sur la santé. Donc on n’a pas beaucoup de données. Ce dont on est sûr, c’est qu’il y a un certain nombre de personnes qui ne supportent pas le travail de nuit et qui s’en vont, tout simplement parce qu’ils tombent malade. Pour eux, les conditions du travail de nuit sont insupportables et ils font très bien de s’en écarter. Mais pour ceux qui résistent, les problèmes qui sont liés à cette alternance veille et sommeil ou à un manque de lumière ont été très peu étudiés.

Conclusions

A partir du moment où l’être humain (l’être économique) a décidé d’occuper 24 heures de manière égale, il se doit de remplacer la régularité classique jour/veille et nuit/sommeil par une régularité avec soutien artificiel pour répondre au besoin spécifique du travailleur de nuit : jour/sommeil et nuit/veille. Dans ce soutien artificiel, c’est vrai que le fait de dormir dans le noir est très important, mais c’est vrai aussi que l’éveil doit se faire de telle manière que le corps enregistre bien qu’il s’agit d’une lumière de jour. Et là, c’est vrai que la luminothérapie, au sens large et au sens particulier, est vraiment une mesure tout à fait importante dans cet équilibre.

Quelles sont les normes officielles en Belgique sur le travail de nuit ?

Les normes d’éclairement sont déjà des normes intéressantes. Mais bien souvent, on possède, au niveau des règlements qui concernent la santé et la sécurité au travail, des normes d’éclairement qui sont nécessaires en fonction du type d’activité. On parle d’un besoin de tant de lux, mais on ne va pas parler de dimensions ou de longueurs d’ondes parce que c’est assez récent. En effet, il n’y a pas tant d’années qu’on a la possibilité d’offrir un éclairage de nuit qui soit semblable en termes de qualité de spectre à ce qu’on a comme éclairage naturel de jour. On évolue mais cela n’a, à ma connaissance, pas encore été traduit en législation.

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Docteur Jean-Marc TRIFFAUX

Psychiatre
Université de Liège – Belgique


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Annabelle

Esthéticienne et
Responsable pédagogique de
centre de formation – France